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« Rouvrez nos commerces de proximité » : la lettre d’Isabelle DUBOIS au Président de la République

« Rouvrez nos commerces de proximité » : la lettre d’Isabelle DUBOIS au Président de la République

Publié le 3 novembre 2020

Retrouvez ci-dessous la lettre envoyée ce mardi 3 novembre au Président de la République, Emmanuel Macron pour demander la réouverture des commerces dits « non-essentiels ». Commerces pourtant si essentiels dans nos communes rurales.

 

« Monsieur le Président de la République,

C’est en pleine conscience de la gravité de la situation sanitaire et des difficultés qu’elle implique pour chacun, que les élus de la Communauté de Communes de la Dombes se permettent de vous alerter.

La Dombes, en dehors d’être une très belle région naturelle du département de l’Ain est surtout un écosystème économique d’une grande fragilité, que les élus que nous représentons s’efforcent de maintenir tant bien que mal.

La situation du commerce de proximité en milieu rural est – déjà en temps normal – d’une importante précarité et instabilité. Quotidiennement nous développons des trésors d’ingéniosité et une énergie énorme pour essayer de rester un territoire vivant et attractif, en mettant en corrélation les demandes toujours plus exigeantes de nos populations en matière de consommation et l’offre disponible dans nos communes. Notre motivation permanente est d’éviter un maximum d’évasion commerciale pour ancrer services et emplois dans nos communes.

En milieu rural, le lien social et humain que représentent nos commerces de proximité pour notre population est tout simplement vital. Chez nous, nous ne parlons pas de relations commerciales quand nous pensons à nos commerces, car ils sont tellement plus, ils sont l’âme de nos communes.  Dans nos villages, les commerçants ne sont pas un simple numéro SIRET, pas une simple enseigne… non ils sont nos voisins, nos amis, notre famille, rendant chaque jour des services non quantifiables, non facturables à nos populations car nous parlons ici de lien humain. Derrière chaque rideau qui ferme, là où beaucoup ne voient qu’une faillite économique, nous voyons surtout une catastrophe humaine. 

A la sortie du confinement en mai, c’est justement parce qu’il existe un lien particulier entre nos commerces et nos habitants, où chacun souhaite prendre soin de l’autre, que nos commerces ont été irréprochables en matière du respect du protocole sanitaire.

Pour nos habitants les commerces ne sont pas qu’un service disponible, et pour nos commerces nos habitants ne sont pas qu’une opportunité pour améliorer leur chiffre d’affaires. L’application des gestes barrières, l’équipement de chacun en matériel permettant de continuer à vivre en toute sécurité ont été la priorité de nos commerces. Car chacun est conscient que l’autre lui est indispensable.

Aujourd’hui avec les mesures de fermeture des commerces ESSENTIELS de proximité dans nos villages, c’est un sentiment d’injustice et une incompréhension totale qui submergent l’ensemble de nos communes.

L’incompréhension de voir la grande distribution pouvoir accueillir des centaines de personnes en même temps, maximisant la concentration de consommateurs dans les rayons et donc la possibilité de propagation du virus alors que nos commerces n’accueillant guère plus de 2 personnes à la fois en totale sécurité, eux doivent fermer.

Le sentiment grandissant d’injustice par rapport aux GAFAS qui eux ont vu multiplier par trois leur chiffre d’affaire depuis le premier confinement, face à des commerçants qui eux sont souvent seuls et ne peuvent financièrement, humainement et simplement en matière d’organisation se lancer dans la vente en click & collect.

Monsieur le Président, suite aux mesures gouvernementales prises, que pouvons-nous décemment répondre à ceux qui se démènent tant à nos côtés pour garder nos villages vivants ? A ceux qui, pour certaines personnes isolées, sont le seul sourire journalier qu’elles aient ?

Nous ne vous parlons pas ici de commerces, mais bien des hommes et des femmes qu’ils représentent.

C’est pourquoi, Monsieur le Président, nous vous demandons aujourd’hui, de revoir votre position quant à la fermeture administrative décrétée des commerces essentiels de proximité de nos communes ; fermeture jugée indispensable pour limiter les décès liés aux coronavirus, mais occasionnant de facto la mort imminente de nombre de nos commerces.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération. »